« En natation artistique, je peux laisser parler ma créativité »

Virginie Amoretti plonge dans l’univers de la danse dès l’âge de trois ans, mais c’est à six ans que la révélation se produit. « Mes parents m’ont emmenée voir un spectacle intitulé Sirella, mis en scène et nagé par Muriel Hermine, grande championne de natation artistique », se souvient-elle, « Je suis sortie émerveillée et j’ai dit à ma maman : moi aussi, je veux devenir une sirène ». Ce rêve d’enfant devient rapidement réalité ; elle intègre un club de natation artistique à Nantes. Très vite, elle suit un parcours en sport-études et participe à plusieurs compétitions nationales et internationales. Ce sport lui offre un terrain d’expression idéal, alliant sa passion pour la danse, la musique… et bien sûr, l’eau.

Encore athlète de haut niveau, Virginie Amoretti passe son Brevet d’État de natation et se lance dans le coaching au sein de son club nantais. Une transition délicate : « C’était assez complexe, car j’étais toujours nageuse senior. Me retrouver à entraîner des coéquipières avec qui je partageais encore les bassins quelques mois auparavant n’a pas été évident. Vraiment pas ». Mais elle prend rapidement confiance et mène ses nageuses vers leurs premiers podiums nationaux. Une vraie fierté pour celle qui est alors encore une jeune coach : « Lors d’un Championnat de France, j’étais tellement contente que comme tous les coachs, j'ai crié de joie et je m'en suis luxée totalement la mâchoire», raconte-t-elle en riant.

Après plusieurs années à entraîner à Nantes, Virginie Amoretti part avec son mari – lui aussi ancien nageur - et ses enfants faire un tour du monde. Après 14 pays visités, la famille s’installe en Polynésie française. Là-bas, Virginie reste proche de l’eau mais troque son chronomètre contre un appareil photo et se reconvertit comme photographe professionnelle.

Après quelques années au soleil, la famille ressent le besoin de se rapprocher de la France, tout en découvrant un nouveau pays. Elle pose ses bagages à Lausanne, où Virginie retrouve sa discipline de cœur et son ancien métier d’entraîneur au Lausanne Aquatique. Pour elle, c’est le destin : « Je me retrouve un peu chez moi, même si j’ai changé de club ». Elle voit rapidement du potentiel dans la section artistique : « On peut briller dans les prochaines années. Cela va prendre un peu de temps, mais il y a vraiment quelque chose à faire ».

Celle qui est devenue coach très jeune met un point d’honneur à transmettre sa passion du sport en inculquant le fair-play et le respect aux athlètes, des valeurs indispensables dans un sport de compétition où la concurrence est omniprésente. Consciente de l’importance du mental dans la performance, elle s’efforce de renforcer la confiance de ses nageuses : « Quand j’étais athlète, j’aurais aimé qu’on me dise “Aie confiance en toi. N'aie pas peur”. À l'époque, on ne s’occupait pas forcément de l'aspect psychologique des sportifs ». Une coach attachante entre tempérament de feu et douceur, qui a bien gardé en tête l’importance des équipes encadrantes :

« J’admire mes entraîneurs. Elles m'ont beaucoup apporté, surtout Isabelle. Elle a été ma deuxième maman pendant longtemps. Quand on nage 20 heures par semaine, on voit plus nos entraîneurs que nos parents ».

Si la dimension humaine est essentielle, la rigueur technique reste au centre de son encadrement. « Je suis pointilleuse », admet-elle. « Je choisis une musique qui m’inspire, je construis artistiquement ma chorégraphie, puis j’affine la technique ». Cela inclut un travail de préparation physique exigeant : « La natation de course joue un rôle clé dans la condition physique de nos nageuses. L’apnée aussi : il faut tenir sous l’eau tout en enchaînant les chorégraphies ». Malgré l’importance de la technique, Virginie trouve son équilibre dans la dimension artistique du sport :

« En natation artistique, je peux laisser parler ma créativité. J’aime sélectionner la musique, puis laisser parler mon cœur en fonction ».

Au-delà de la compétition, la nouvelle entraîneur de natation artistique du Lausanne Aquatique souhaite encourager la pratique de cette discipline qu’elle aime tant : « Un bon coach est quelqu’un qui sait transmettre son savoir à n'importe quel adhérent, qu'il ait quatre ans ou plus de 70 ans ». Elle est pourtant bien consciente que la natation artistique peut paraître inaccessible aux novices : « C’est un sport un peu tordu quand même, quand on y pense ! On nage la tête à l’envers [rires] ». Pour aider chacun à progresser, elle s’adapte : « Je m’appuie sur les images et les métaphores pour les personnes plus visuelles. Pour les plus kinesthésiques, j’axe plus sur le corps et les sensations ». Mais un élément reste fondamental : « C'est important de faire du sport et de faire le sport qu'on aime. Peu importe le niveau auquel on le pratique, il faut toujours avoir du plaisir ».