Water-polo
Club
Plongeon

Les athlètes du Lausanne Aquatique sous l’objectif de Gaia Pierobon : une exploration de l’identité et des normes corporelles

Gaia Pierobon est une jeune artiste dont la pratique lie la recherche, une passion de l’artisanat et son engagement profond avec les communautés. Dans son dernier projet photographique, Champion, réalisé dans le cadre de son Master à l’ECAL, elle interroge les enjeux identitaires des adolescents à travers le prisme du sport. En photographiant des jeunes athlètes lausannois, elle explore la manière dont les codes sportifs et les attentes de performance influencent le corps et l’identité.

Originaire de la région de Venise, Gaia Pierobon est d’abord entrée dans les arts par la danse et le ballet. Elle se tourne ensuite vers la photographie, une passion héritée de son père qu’elle a vu capturer les moments de vie de son enfance. Elle se rappelle avoir été guidée par cette envie de figer l’instant, de saisir l’éphémère : « Cela m'a donné envie de capturer chaque moment et toutes les personnes autour de moi. C’est ce qui m’a poussé à faire de la photographie une passion, puis un métier». Après un Bachelor in Graphic Communication design à Londres, elle effectue aujourd’hui un Master en photographie à l’ECAL, où son travail se concentre sur les thématiques sociales et identitaires.

Son travail artistique a d’abord commencé en 2022 en Sicile, où elle a souhaité documenter les vies des adolescents à un moment où leur vie et leur corps changent, alors qu’ils sont encore dans une certaine innocence. Cette ambivalence se traduit dans les attitudes corporelles, avec une posture qui commence à imiter celle des adultes dans ce processus de construction identitaire. « J’ai observé certains schémas dans la manière dont les corps des adolescents se forment et se moulent selon les attentes sociales. C’était particulièrement frappant dans la manière dont ils se présentaient devant l’objectif. J’ai aussi constaté comment l’environnement sportif renforçait et accentuait certains stéréotypes de masculinité et de féminité », explique-t-elle. L’entrelacement de ces éléments a fait écho à sa propre expérience de danseuse, au rapport qu’elle a entretenu avec son corps comme adolescente et aux transformations que vivent les jeunes adultes.

En 2024, Gaia Pierobon poursuit ce travail avec son projet « Champion », cette fois-ci avec des jeunes sportifs lausannois, dont des plongeurs et poloïstes du Lausanne Aquatique : « il était très important pour moi de me concentrer sur un autre environnement géographique restreint, car grandir dans une culture donnée façonne notre manière de performer». Sa série de portraits axée sur le concept de « Champion » interroge l’identité des adolescents et les normes corporelles auxquelles ils sont confrontés dans un environnement sportif.

Ces portraits explorant la construction de certains schémas corporels à l’adolescence se rapprochent de clichés documentaires : « Je ne voulais pas seulement capturer une réalité devant moi, mais aussi transmettre cette pression à laquelle les adolescents sont soumis, celle de devoir performer comme des champions, tant sur le plan physique que mental, à l’école et dans les contextes sociaux. Et tout cela tout en devant s'intégrer à des communautés et ne pas se sentir exclus ou étiquetés comme des perdants », explique-t-elle.

Dans ce projet, Gaia a donc choisi une approche plus subtile, plus implicite, en photographiant plusieurs dizaines de jeunes sportifs lausannois, qu’elle expose côte à côte, laissant ainsi émerger les patterns d’elles-mêmes :

« Les enfants étaient plus timides, moins performants, plus bruts. Plus la personne était âgée, plus elle était performante, ce qui est assez courant [...] Dans le cas du patinage sur glace, les filles posaient de manière plus délicate, avec des épaules un peu repliées vers l’intérieur, ne prenant pas beaucoup d'espace. Les garçons des équipes de water-polo ou de rugby avaient au contraire les épaules plus ouvertes et des postures corporelles très rigides ».

Ce projet « Champion » a été soumis dans le cadre de son Master sous forme de livre. Avec le recul, elle aurait privilégié une exposition murale. « Lorsque le sujet occupe une grande place, notamment lorsqu'il s'agit du concept de champion, il est agréable de le voir de manière majestueuse, avec de très grandes images, sur un mur », confie-t-elle.

Ce projet achevé, Gaia Pierobon termine son Master avant de retourner dans une grande ville, dont l’énergie et le chaos lui manquent. Bien que ses projets futurs ne soient pas encore totalement définis, elle souhaite poursuivre son travail autour des communautés : « J’aimerais pouvoir consacrer du temps à développer des projets qui impliquent des communautés et des personnes, pour partager leurs histoires avec le monde à travers la photographie », conclut-elle.

Inscrivez-vous
à la newsletter

Plongez dans l’actualité du Lausanne Aquatique ! Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez toutes les actus du club directement dans votre boîte mail.

dernières actualités

Water-polo

Mélissa Duarte, la relève du water-polo suisse

Club

L’engagement des femmes au sein du Lausanne Aquatique : un pilier du fonctionnement du club

Artistique

« En natation artistique, je peux laisser parler ma créativité »